Les Plans Nationaux d’Actions pour les espèces menacées constituent une des politiques mises en place par le Ministère en charge de l’Environnement pour essayer de stopper l’érosion de la biodiversité. Ils sont codifiés à l’article L.414-9 du code de l’environnement :

« Des plans nationaux d'actions pour la conservation ou le rétablissement des espèces visées aux articles L. 411-1 et L. 411-2 ainsi que des espèces d'insectes pollinisateurs sont élaborés et, après consultation du public, mis en œuvre sur la base des données des instituts scientifiques compétents lorsque la situation biologique de ces espèces le justifie. Ces plans tiennent compte des exigences économiques, sociales et culturelles ainsi que des impératifs de la défense nationale. Les informations relatives aux actions prévues par les plans sont diffusées aux publics intéressés ; les informations prescrites leur sont également accessibles pendant toute la durée des plans, dans les secteurs géographiques pertinents. Un décret précise, en tant que de besoin, les modalités d'application du présent article »

Le PNA Vautour fauve (dont l’objectif principal est de faciliter la cohabitation avec le monde de l'élevage et le monde rural dans le cadre de la ré-expansion en cours de l'espèce dans son aire historique) est coordonné au niveau national par la DREAL Nouvelle Aquitaine et a été validé en 2017 (PNA FV 2017-2026). .

La DREAL Occitanie qui y est associée s'appuie sur les suivis réalisés par la LPO Grands Causses et le CEFE-CNRS de Montpellier et ceux de la LPO Pyrénées-Vivantes et structures associées en Pyrénées.

Par ailleurs le Vautour fauve est une espèce protégée-au niveau national et comme telle, en vertu de l'arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection (article 3):

«I. ― Sont interdits sur tout le territoire métropolitain et en tout temps :

― la destruction intentionnelle ou l’enlèvement des œufs et des nids ;

― la destruction, la mutilation intentionnelles, la capture ou l’enlèvement des oiseaux dans le milieu naturel ;

― la perturbation intentionnelle des oiseaux, notamment pendant la période de reproduction et de dépendance, pour autant que la perturbation remette en cause le bon accomplissement des cycles biologiques de l’espèce considérée.

II. ― Sont interdites sur les parties du territoire métropolitain où l’espèce est présente ainsi que dans l’aire de déplacement naturel des noyaux de populations existants la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s’appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l’espèce considérée, aussi longtemps qu’ils sont effectivement utilisés ou utilisables au cours des cycles successifs de reproduction ou de repos de cette espèce et pour autant que la destruction, l’altération ou la dégradation remette en cause le bon accomplissement de ces cycles biologiques. »

Les zonages ci-après correspondent donc à une délimitation géographique partielle (c. à. d. en l'état des connaissances actuelles) des espaces physiques et biologiques cités à la définition du point II, pour cette espèce sur notre territoire régional du moins en ce qui concerne les colonie de reproduction des Grands Causses et les colonies de reproduction des Pyrénées françaises.

Adulte, le Vautour fauve est une espèce sédentaire qui reste toute l'année à proximité de son site de reproduction et des dortoirs. Il niche dans les falaises abruptes ou les grands rochers escarpés en colonies. Les couples commencent à se reproduire vers 4 ou 5 ans.

Les immatures se livrent eux pendant leurs premières années de vie à des explorations à distance (erratisme), parfois très lointaines (par ex.: sud de la péninsule ibérique et même Afrique du nord-ouest), avant de revenir s'installer le plus souvent près de leur lieu de naissance (philopatrie).

Il faut garder à l'esprit que le Vautour fauve a une capacité de déplacement en recherche alimentaire considérable « des déplacements à plus de 70 km du nid pour s’alimenter ne sont pas rares » (PNA Vautour fauve et activités d’élevage 2017-2026). Par ailleurs la présence de colonies de reproductions très abondantes tout au long du versant sud des Pyrénées (Espagne)(les 3 régions autonomes Navarre, Aragon, Catalogne cumulaient ~ 10 000 couples en 2009) fait que l’espèce fréquente à présent également régulièrement tous les massifs orientaux des Pyrénées et Corbières même en l’absence ou en la faible densité actuelle de colonies de reproduction locale.

Les échanges croissants avec les Grands-Causses renforcent enfin le présence de l’espèce au NE du massif pyrénéen, en Corbières notamment.

A partir des 2 premiers couples de VF installés spontanément en 2011 dans l’Aude on est passé à ~ 50 couples reproducteurs en 2017 et des couples pionniers sont apparus en Pyrénées-Orientales. A l’heure actuelle il ne resterait donc plus que le département de l’Ariège sans colonie de reproduction dans les Pyrénées françaises. Un rééquilibrage dans l’espace Pyrénéen tant Ouest-Est que Sud-Nord est donc en cours.

Par ailleurs les vautours fauves utilisent d'ores et déjà des corridors de liaison aérienne entre les 3 massifs montagneux du sud de la France : Pyrénées/Corbières, Massif-Central et Alpes, ses corridors doivent être définis plus précisément prochainement, dans le cadre du LIFE GypConnect, du fait de leur importance biologique, non seulement nationale mais également européenne (liens avec les populations ibériques, italiennes et des Balkans).

http://vautours.lpo.fr/

Relictuel en tant que reproducteur dans les années 70 à l’extrémité ouest des Pyrénées (Pays-Basque/Béarn), le vautour fauve a connu une densification progressive de ses colonies, accompagnée d’une extension de leur aire de distribution vers l’Est (en Bigorre) extrêmement lente jusqu’aux années 2000. Si le gros des effectifs reproducteurs demeure toujours concentré sur le quart ouest pyrénéen, on assiste dans les années 2010 à un rééquilibrage (encore très modéré : en 2012 : ~ 770 c. en Aquitaine (en 64) contre seulement 65 couples dans les 5 départements pyrénéens de la région Occitanie (où il se reproduisait alors en 65, 31, 11)). L’apparition de nicheurs plus isolés, d’abord en Haute-Garonne puis dans l’Aude et enfin, tout récemment, en Pyrénées-Orientales signe une dynamique différente de l’extension « en tache d’huile » qui prévalait avec de plus faibles effectifs.

Disparu dans les Grands Causses à la fin des années 1940, le vautour fauve y a été réintroduit à partir de 1981. Il forme dans ce secteur à l'heure actuelle une large colonie d'environ 350 couples en 2012 évoluant alors sur une vaste domaine vital de 8 000 km 2 (basé sur le Kernel 95 communautaire établi à partir du suivi de 25 individus reproducteurs par télémétrie, DURIEZ et al. 2012). Cette colonie bien suivie et à la croissance très régulière atteint 500 couples en 2017, son domaine vital actuel est donc sans doute plus élevé que celui cartographié.

Le dernier recensement national de l’espèce ayant été conduit en 2012, estimait à environ 1 500 couples la population française. La population régionale (~ 415 c.) représentait alors déjà plus de 25 % de l’effectif national.

La DREAL Occitanie produit, dans le cadre du porté-à-connaissance, un outil cartographique pour contribuer à l'aide à la décision pour les projets d'aménagement du territoire. Son objectif est de faire connaître en amont les territoires indispensables au maintien et à la reconquête de la population reproductrice française du vautour fauve, afin qu'ils soient pris en compte dès l'amont des projets, plans ou programmes de notre région.